Reportage du 15 janvier 2001

Les avions dans le Quenn Maud Land

 

En Queen Maud Land les distances sont tout de suite très grandes, l’avion y est donc le meilleur moyen de transport. A cours de l’expédition j’en ai vu trois types.

Tout d’abord l’Iliouchine, c’est le plus gros, il fait la liaison entre Cape Town et Blue One une fois par mois et trois fois durant l’été. Il appartient à une compagnie russe et transporte environ 45 personnes plus du fret. Il atterrit avec ses roues sur la piste en glace bleue.

Il ne peut se poser à Blue One que par grand beau temps car la station n’a aucun moyen électronique pour faire atterrir l’avion sans visibilité. Par conséquent, à mi parcours entre l’Afrique du Sud et l’Antarctique l’équipage doit décider si le temps est assez beau pour continuer ou s’il faut faire demi-tour, car l’Iliouchine n’a pas assez de carburant pour survoler Blue One, juger la météo et éventuellement revenir à Cape Town.

Début janvier, lorsque l’avion est arrivé en Antarctique les nuages ont soudainement couvert toute la région, le pilote a alors trouvé une ouverture dans les nuages, s’y est engouffré et a volé en rase motte sur 60 miles jusqu’à Blue One !

Le second avion est le Twin Otter. Beaucoup plus petit, il ne transporte qu’un dizaine de personnes ou environ 1,5 tonnes de matériel. Par contre, avec ses skis, il peut se poser quasiment partout et n’a besoin que d’une distance réduite pour atterrir et décoller.

Il est donc utilisé pour éparpiller dans la région les personnes qui arrivent avec l’Iliouchine.

J’ai eu la chance d’effectuer deux vols à bord de cet avion, John le pilote Québécois est vraiment un virtuose.

Le mécanicien de l’avion, John, Jeff de Blue One

Je peux vous confirmer que le décollage sur une plaine de neige encombrée de bosses, avec l’avion qui fait des bonds, est assez impressionnant même lorsque comme moi on n’a pas peur en avion.

En plus de transporter des expéditions vers des zones isolées, John réalise des liaisons entre toutes les stations scientifiques de la région (prenez votre carte de l’Antarctique) : Novolazarevskaya (Russie), SANAE (Afrique du Sud), Troil (Norvège), Neumayer (Allemagne), Aboa (Finlande) et la lointaine station Mawson (Australie) en passant par Syowa (Japon). Il s’est même posé sur la glace de mer au large de Novolazarevskaya (que l’on appelle ici simplement Novo) pour attendre l’arrivée d’un bateau russe !

Ce Twin Otter est Canadien, il vient en Antarctique pour la saison d’été, l’Arctique étant alors dans la nuit. Comme il n’a pas une assez grande autonomie pour traverser l’océan Indien ou l’océan Atlantique, il vient jusqu’à Blue One en effectuant des sauts de puce qui lui permettent de refaire le plein de carburant : il passe par l’Amérique du Sud, Punta Arenas, la station britannique Rothera et la station touristique Patriot Hills.

Le troisième avion est un DC3, c’est un appareil américain de légende, construit durant la seconde guerre mondial. Malgré son age il poursuit sa carrière car il est modernisé régulièrement, en particulier les moteurs. Il est vraiment magnifique dans sa parure blanche, lorsqu’il est venu ramener Ronald au camp de base je suis resté longtemps à l’admirer.

Comme le Twin Otter il peut se poser un peu partout mais il a besoin davantage de distance, par contre il peut transporter nettement plus de matériel.

L’équipage a travaillé une partie de la saison à la base américaine McMurdo, puis il a traversé tout l’Antarctique en passant par le Pôle Sud pour remplacer en Queen Maud Land le Twin Otter qui rentre au Canada.