Les puits de neige

 

L'Antarctique emprisonne sous forme de glace 85 % de l'eau douce (c’est à dire non salée) de la planète. Cette immense calotte glaciaire a été crée et continue a être entretenue par les précipitations qui ne tombent que sous la forme de neige.

Sur l’Inlandsis, chaque chute de neige tombe sur la précédente et les couches (ou strates) s’accumulent au fil des années. Le poids sur une couche de neige est par conséquent de plus en plus important chaque saison, les strates se tassent, ce qui fait évoluer la structure de la neige qui ira jusqu’à se transformer en glace au bout de centaines d’années.

Par ce mécanisme, on comprend alors que l’Antarctique, en plus d’être la plus grande réserve d’eau douce du monde, est aussi la mémoire du climat de la Terre. En effet, la calotte glaciaire conserve des couches de glace vieilles de plusieurs centaines de milliers d’années qui emprisonnent de nombreuses informations sur l’atmosphère à l’époque où la neige est tombée. Nous verrons cela plus tard.

Un puits de neige

Pour étudier l'accumulation de la neige de ces dernières années années, j’ai creusé à proximité du camp de base un puits de 1,6 m de profondeur. Ses dimensions sont de 2 m ×1,8 m et j’ai sculpté des marches pour y descendre. Je travaille sur la paroi où le soleil ne frappe jamais

Alain Bidart dans le puits de neige

Le matériel que j’ai à ma disposition (fourni par le Laboratoire de glaciologie de Grenoble) est le suivant :

  • Un mini-carottier, c'est à dire un bout de tube de 20 cm de longueur et de 5 cm de diamètre, pour prélever un volume de neige.
  • Une balance pour mesurer le poids de la neige prélevée.
  • Un thermomètre électronique.
  • Un mètre ruban.

Une fois le puits creusé, la première chose que l’on remarque ce sont les states.

Les différents strates

 

 

Les différents strates

 

En effet, la neige qui tombe en couches successives se retrouve dans le puits en strates de quelques centimètres et de couleurs et textures différentes : certaines sont faîtes de gros grains de neige sans cohésion (gros sel), d’autres sont constituées de neige compacte aux grains plus petits (croûte).

Chaque texture correspond à une saison : le gros sel coïncide avec l’été où les températures plus élevées ont favorisé l’agglomération des grains, l’hiver par contre les grains de neiges sont plus petits et l’aspect " croûte " a été formé par le vent.

J’ai fixé verticalement le mètre à ruban et j’ai relevé à chaque profondeur l'épaisseur et l'aspect des strates :

Position des states, en allant du haut vers le bas dans le puits (cm)

Type de neige

0-14

Croûte (C)

14-19

Gros sel (GS)

19-24

C

24-28

GS

28-33

C

33-35

GS

35-41

C

41-45

GS

45-52

C

52-62

GS

62-81

C

81-87

GS

87-88

C

88-99

GS

99-101

C

101-110

GS

110-115

C

115-128

GS

128-130

C

130-134

GS

134-140

C

140-141

GS

141-143

C

143-144

GS

144-147

C

147-148

GS

148-150

C

150-151

GS

Avec ces données vous pouvez maintenant être glaciologue avec moi :

  • Vérifiez qu’il tombe 5 à 20 cm de neige par année dans la région où se déroule l'expédition, comme j’ai pu le lire dans des articles scientifiques.
  • Au camp de base, comptez le nombre d’années d’accumulation de neige qu’il y a sur une épaisseur de 1,5 m.
  • Au fur et à mesure des années la neige se tasse, on doit vérifier en allant du haut vers le bas dans le puits que l’épaisseur des strates diminue, pour cela tracez un graphique. Cependant est ce vraiment le cas, car à 1,5 m le poids de la neige n’est pas forcement suffisant pour tasser les couches, les différences d’épaisseur de strates seraient alors dues à quoi ?
  • Comment vérifier que la neige fraîche contient essentiellement de l'air ?

Les réponses dans la suite de l’activité sur le puits glaciologique.