15. Echantillonnage d'un puits dans la neige
Objectif : creuser un puits dans la neige et faire une
étude des différentes couches neigeuses. Cette expérience sera
réalisée en Antarctique, les élèves suivront toutes les étapes des
travaux et pourront intervenir.
L'Antarctique emprisonne sous forme de glace 85 % de
l'eau douce de la planète. Cette immense calotte glaciaire est entretenue
par les précipitations qui ne tombent que sous la forme de neige et se
transforment en glace au fil des années par un processus que nous allons
voir.
Formation de la neige
Dans les nuages, par des températures plus basses que
0°C, de la vapeur d'eau se condense autour de poussières en fins
cristaux de glace. Ces cristaux se fixent les uns aux autres pour donner
des flocons de neige, qui tomberont vers le sol lorsqu'ils seront devenus
suffisamment lourds.
Accumulation de la neige sur l'inlandsis
Sur l'inlandsis antarctique, chaque chute de neige
s'accumule sur la précédente. Ainsi, pour une couche de neige donnée,
les chutes successives qui suivent, exercent sur elle un poids qui croît
au fil des jours, des mois, des années. Cette augmentation de pression
fait évoluer la structure de la neige qui ira jusqu'à se transformer en
glace.
Dans cette évolution nous pouvons distinguer plusieurs
étapes.
- Les flocons qui arrivent sur le glacier ont des formes très
différentes selon l'altitude et la température auxquelles ils se
sont générés : plaquettes, étoiles à six branches, colonnes,
aiguilles, dendrites. La neige fraîche contient essentiellement de
l'air (90%), sa densité est donc faible.
- Sous le poids des autres couches, les flocons perdent petit à petit
leur forme originale, se cassent, s'arrondissent, pour former des
grains plus sphériques. Cette forme leur permet de s'arranger les uns
par rapport aux autres en expulsant une partie de l'air : la neige se
tasse et sa densité augmente (50% d'air).
- Lorsque il n'y a plus que 20 à 30 % d'air, le tassement est
terminé, la neige s'est changée en ce que l'on appelle le névé (firn
en anglais).
- Après cette étape, l'incessante poursuite de la compression
aboutit à modifier la taille et la forme des grains, c'est la
recristallisation du névé (formation de grands cristaux imbriqués
les uns dans les autres). Au terme du processus, lorsque il n'y a plus
que 15 % d'air, le névé s'est transformé en glace. L'air
emprisonné dans les pores du névé se trouve maintenant sous la
forme de bulles occluses dans la glace, c'est à dire piégées sans
communication avec l'extérieur. Toutefois, cette transformation est
longue, il faut par exemple au moins cent ans d'accumulation de neige
pour former du névé.
A la différence de celle du congélateur, la glace de
glacier contient des micro-bulles d'air. Or, l'épaisseur de la calotte
glaciaire peut atteindre par endroits presque 4 km et les couches les plus
basses ont localement près de 500 000 ans. Les bulles piégées dans
la glace ont donc un grand intérêt pour les climatologues, car elles
enferment de l'air qui peut avoir plusieurs centaines de milliers
d'années. C'est pour cela que les scientifiques réalisent des carottages
dans la calotte polaire de l'Antarctique (programme EPICA) mais aussi dans
celle du Groenland.
Echantillonnage d'un puits dans la neige
Pour étudier l'accumulation de la neige dans la
région du camp de base de l'expédition, nous commencerons par creuser un
puits de 3 m de profondeur. Nous travaillerons sur la paroi où le soleil
ne frappe jamais.
Le matériel que nous aurons à notre disposition
(fourni par le
LGGE)
est le suivant :
- Un mini-carottier, c'est à dire un bout de tube de 20 cm de
longueur et de 5 cm de diamètre, pour prélever environ un volume de
400 cm3 de neige.
- Un peson, pour mesurer le poids de la neige prélevée. Connaissant
le volume et le poids, on en déduit la densité de l'échantillon.
- Un kit d'observation (ANENA / Météo-France) des grains de neige
(une plaquette d'identification des grains, une loupe et une plaque de
prélèvement).
- Un thermomètre électronique.
- Un réglet.
- Un tableau pour noter les mesures.
- Un appareil photographique numérique pour diffuser des images (des
grains de neige, des strates, des caractères particuliers).
Une fois le puits creusé, nous fixerons verticalement
un mètre à ruban et nous relèverons à chaque profondeur :
- L'épaisseur et l'aspect des strates.
- La densité de la neige.
- La forme et la taille des cristaux de neige.
- La température de la neige.
Activités éducatives
Cette étude sur le terrain est éducative, elle doit
permettre la mise en évidence de certaines caractéristiques de la neige,
mais c'est aussi l'opportunité de réaliser en classe des activités
mathématiques, des graphiques, de la physique. De plus, nous encourageons
vivement les élèves et les enseignants à se documenter sur la neige,
pour proposer des expériences et réaliser ainsi sur le terrain un
travail interactif.
Vous pourrez trouver dans ce qui suit quelques traits
dominants que l'on doit observer au cours de l'étude.
- Il tombe 5 à 20 cm de neige par année dans la région où se
déroule l'expédition.
- La neige fraîche contient essentiellement de l'air. On peut le
prouver en faisant fondre dans un récipient une certaine quantité
prélevée à la surface : 5-20 cm de neige doit donner 1-8 cm d'eau.
- La neige tombe en couches successives. Dans le puits on les retrouve
en strates de quelques centimètres et d'aspects différents,
certaines paraissant blanches d'autres plus bleues. Ces différentes
textures sont liées aux saisons. On peut prendre des photos pour les
mettre en évidence.
- Chacune des strates correspond en général à une année
d'accumulation de la neige. On pourra essayer de les compter pour les
dater.
- Au fur et à mesure des années la neige se tasse. On doit vérifier
en allant du haut vers le bas dans le puits que :
- L'épaisseur des strates diminue.
- La densité de la neige dans chaque strate augmente (elle contient
moins d'air). On peut prélever des échantillons de neige avec le
carottier, les peser, évaluer leur densité (calcul dans la classe
à partir des relevés) et montrer qu'elle augmente avec la
profondeur. On peut aussi faire fondre la neige, mesurer
l'équivalent eau et montrer sa variation.
- A la profondeur de 3 m nous sommes encore dans de la neige
tassée.
- En fait, la variation de la densité avec la profondeur n'est pas
linéaire, il faudra mettre son irrégularité en évidence et
comprendre les raisons.
- La forme et la taille des grains de neige varient selon la
profondeur. Pour observer cela on utilisera le kit que l'on a emporté
et on diffusera des photos prises avec l'appareil numérique.
- La température de la neige varie avec la profondeur. Avec le
thermomètre électronique on peut vérifier les caractères suivants
:
- La température de la neige est inférieure à 0°C.
- Dans les couches supérieures, la neige est sensible à la
température de l'air à la surface et à ses variations. Dans la
partie haute du puits nous pourrons donc mesurer dans la neige des
importantes fluctuations de la température.
- A une certaine profondeur, qu'il faudra déterminer, la
température est davantage indépendante de la surface et reste la
même à 1°C près.