La glace bleue de l'Antarctique - Reportage

Nous sommes actuellement à la petite station Blue One qui est entourée de champs de glace bleue. C’est assez incroyable, au milieu de la neige il y a de grandes étendues de glace, un peu comme des lacs. Lorsqu’on marche dessus, la surface est aussi glissante qu’une patinoire. C’est sur une piste en glace bleue, proche de la station, que notre avion a atterri sans skis, grâce à la grande dextérité du pilote.

En Antarctique la glace est en mouvement depuis l’intérieur de la calotte polaire vers la côte. Parfois, des montagnes bloquent le mouvement des glaciers, la glace du fond remonte alors vers la surface. Pour qu’une zone de glace bleue s’y forme il est nécessaire que le lieu réunisse plusieurs conditions liées au vent catabatique.

Le vent doit y être assez puissant pour raboter la surface, il faut aussi qu’il empêche la neige de se déposer. De plus, il doit être très sec, ainsi, la glace de surface pour équilibrer l’humidité se transformera alors directement en vapeur d’eau, c’est la sublimation (on parle de vaporisation lorsque l’eau devient vapeur d’eau).

Réunir toutes ces conditions n’est pas facile, il y a donc peu de zones de glace bleue en Antarctique. On les trouve la plus part du temps sur des fortes pentes ou dans la partie protégée du vent d’une montagne.


 

Au contraire de la plus grande partie de la calotte polaire où la neige s’accumule au fil des saisons, dans un champ de glace bleue une certaine épaisseur de glace disparaît chaque année. C’est ce que nous avons voulu prouver avec Katelijne et Ronald en allant planter un poteau dans la glace bleue proche de la piste de l’avion.

Nous avons creusé un trou dans la glace grâce à une foreuse manuelle que Mike, le chef de la station, nous a prêté. Nous avons ensuite planté un poteau creux en aluminium. Mike nous a conseillé ce type de poteau plutôt qu’un bambou car pour l’enlever il suffira de faire couler de l’eau chaude à l’intérieur.

Enfin, nous avons fait une marque sur le poteau à la surface de la glace. Si le niveau de la glace baisse durant la période où nous serons au camp de base, nous devrions retrouver la marque quelques centimètres plus haut. C’est ce que nous verrons à notre retour.

Alain Bidart